Ils sont un peu plus d’une quarantaine, assis, les uns à côté des autres, dans cette salle où, près de la porte d’entrée, l’on peut admirer une belle statue de la Vierge des Pauvres. À ses pieds, la couronne de lierres, de petites baies rouges et de bougies rappelle que nous sommes en Avent, ce temps d’attente et de préparation à Noël.

Je me dirige rapidement vers la porte entrouverte pour la fermer. Dehors, il fait froid.
Je salue les premiers qui se trouvent sur mon passage :
– Bonjour.
– Bonjour, Madame, répondent-ils.
Puis m’approchant de ceux assis un peu plus loin :
– Bonjour, tout le monde.
– Bonjour, Madame.
Leur politesse et cordialité me surprend et m’émeut à la fois. Je souris. Ils me sourient à leur tour. Ces hommes et ces femmes, dont les traits du visage sont marqués par la dureté d’une vie passée dans la rue, attendent paisiblement leur tour. Certains discutent entre eux, à voix basse.

Dans la deuxième salle, quarante autres personnes sont assises, par tables de cinq, pour consommer leurs repas chaud… sans doute leur unique repas chaud de la journée.
– C’est beau, c’est déjà Noël, me dit une dame, très bien vêtue, en me montrant le beau bouquet de fleurs jaunes et blanches, placé au centre de la table.
Tout en dégustant sa tarte aux pommes maison, son voisin tient à dire que le menu était un délice.
À la table voisine, une autre dame menue, timide, range discrètement une pomme dans son sac :
– J’aime bien venir ici, je trouve de la paix…
Au même moment, Adèle une volontaire passe et, lui posant une main sur l’épaule, demande si tout va bien.
La petite dame me sourit et dit :
– Vous voyez, ici, je me sens aimée.

Ces hommes, ces femmes, ce sont nos « Amis pauvres ». Depuis le 1er septembre 2021, ils viennent chaque midi, de 12h à 14h30, du lundi au samedi.

Maria une TM de l’Immaculée raconte que les premiers jours, elle avait remarqué deux hommes qui arrivaient presque toujours en même temps, prenaient place dans un angle de la salle, ne s’adressaient presque jamais la parole sauf pour dire quelques grossièretés. Aujourd’hui dit Maria, ces deux hommes sont les meilleurs amis du monde. Ils s’appellent par leurs prénoms, sont très polis, s’assoient à la même table et se parlent correctement. À tous les volontaires qui lui font noter ce changement d’attitude de nos deux bons hommes, Maria répond :

– Il ne peut pas en être autrement. Ici, ils se sentent tous enfants de leur Maman du Ciel : la Vierge des Pauvres. C’est elle qui tisse les liens !

Marie, TMI