Il est courbé sur l’établi, un rabot à la main.
Immobile, silencieux, pensif.
Son regard est posé sur Jésus enfant aux cheveux bouclés, qui est là, près de lui.
Au milieu de son travail, Joseph s’est arrêté.
Il contemple son Dieu !
Que d’instants dans la vie de Joseph doivent être ainsi des moments de contemplation !
Jésus, c’était pour lui, la beauté divine incarnée sous ses yeux.
C’était la perfection concrétisée, l’idéal vivant.
Que de bonheur, que de vertu, que de détachement devait-il mettre dans son âme !

Depuis que j’ai connu le Christ, disait Lacordaire, rien ne m’a paru assez beau pour le regarder avec concupiscence. Le reste est si peu de chose pour une âme qui a vu Dieu une seule fois et qui l’a senti !

Joseph voyait Jésus à tout instant.
[…] Ce n’était pas seulement entre deux coups de rabot ou dans ses instants de délaissement que Joseph posait son regard sur le Christ, le priait et l’adorait.  
Tout son travail, il le faisait pour lui.
L’image du Dieu enfant ne sortait pas de son esprit.

Et tandis que de ses mains rudes d’ouvrier, il maniait les outils et assemblait des planches, et que sur son front perlaient des gouttes de sueur, il savait qu’il travaillait pour nourrir son Dieu, pour lui permettre de grandir, lui permettre de sauver le monde.

C’était là la preuve de son amour.
C’était là sa prière.

Marcel Roussel-Galle, 1941

Extrait de Patris Corde, n°6
« Saint Joseph était un charpentier qui a travaillé honnêtement pour garantir la subsistance de sa famille. Jésus a appris de lui la valeur, la dignité et la joie de ce que signifie manger le pain, fruit de son travail.
À notre époque où le travail semble représenter de nouveau une urgente question sociale et où le chômage atteint parfois des niveaux impressionnants, y compris dans les nations où pendant des décennies on a vécu un certain bien-être, il est nécessaire de comprendre, avec une conscience renouvelée, la signification du travail qui donne la dignité et dont notre Saint est le patron exemplaire.
Le travail devient participation à l’œuvre même du salut, occasion pour hâter l’avènement du Royaume, développer les potentialités et qualités personnelles en les mettant au service de la société et de la communion. Le travail devient occasion de réalisation, non seulement pour soi-même mais surtout pour ce noyau originel de la société qu’est la famille. Une famille où manque le travail est davantage exposée aux difficultés, aux tensions, aux fractures et même à la tentation désespérée et désespérante de la dissolution. Comment pourrions-nous parler de la dignité humaine sans vouloir garantir, à tous et à chacun, la possibilité d’une digne subsistance ?
La personne qui travaille, quel que soit sa tâche, collabore avec Dieu lui-même et devient un peu créatrice du monde qui nous entoure.
La crise de notre époque, qui est une crise économique, sociale, culturelle et spirituelle, peut représenter pour tous un appel à redécouvrir la valeur, l’importance et la nécessité du travail pour donner naissance à une nouvelle “normalité” dont personne n’est exclu. Le travail de saint Joseph nous rappelle que Dieu lui-même fait homme n’a pas dédaigné de travailler.
La perte du travail qui frappe de nombreux frères et sœurs, et qui est en augmentation ces derniers temps à cause de la pandémie de la Covid-19, doit être un rappel à revoir nos priorités.

Implorons saint Joseph travailleur pour que nous puissions trouver des chemins qui nous engagent à dire : aucun jeune, aucune personne, aucune famille sans travail ! »